Sur le terrain, les drones peuvent s’avérer particulièrement efficaces en aidant les pompiers à prendre de la hauteur grâce à leur caméra.
En cas d’incendie, même s’ils ne sont pas prêts de se transformer en Canadair, les drones deviennent des alliés incontournables des pompiers. D’abord parce qu’ils n’ont pas froid aux yeux et peuvent survoler la zone, là où un hélicoptère mettrait en danger la vie du pilote. Les pompiers des Landes ont été les premiers à s’équiper en France, dès 2012 (avec des drones Fly-n-Sense), suivis par ceux des Bouches-du-Rhône en 2014 ou de Haute-Garonne en 2015. Aucun doute que d’autres sections suivront. Pourtant le drone n’est pas encore la panacée : il manque d’autonomie (15 à 20 minutes) et de capacité de vol lorsque le vent, le pire ennemi des pompiers, toujours prêt à l’attiser, dépasse 60 km/h. En attendant, les drones, avec leur angle de vue qui couvre plusieurs hectares, même la nuit (avec une caméra thermique), sont une aide précieuse, qui complète la surveillance aux jumelles ou avec une vidéosurveillance (comme c’est le cas sur le massif forestier des Landes avec 18 tours de guet). Envoyé sur site avec un plan de vol établi en quelques minutes, il transmet en direct les images de la ligne de feu, la direction et l’intensité du vent et permet d’établir la meilleure stratégie : comprendre comment le feu évolue, voir à quoi ressemblent les parcelles voisines, les chemins d’accès, s’il y a des véhicules sur les lieux… Attention néanmoins à ce que les secours soient bien coordonnés, pour éviter que
le drone ne soit douché par un Canadair.
À terme, pour faire le tour de la situation plus vite, notamment pour les incendies de grande envergure, un essaim de minidrones coordonnés serait encore plus efficace. L’autre solution est de prendre encore plus de hauteur, ce que font les États-Unis depuis 2001, avec un drone Male équipé de capteurs optiques et infrarouges pour surveiller les départs de feux et leur progression et guider les équipes au sol. C’est coûteux mais efficace. Adapté aux grands territoires aussi.
Pour les mêmes raisons que pour appréhender un incendie, les drones donnent aux pompiers des yeux de géants pour voir de haut les inondations, suivre leur évolution et localiser des personnes en danger. Ils permettraient aussi de les anticiper en étudiant la topographie des bassins versants près des villes. Ils peuvent même mesurer la vitesse des écoulements par analyse de vidéos, ce qui permettrait de mieux suivre les crues, leur évolution et de faire leur inventaire. Autour de Redbird et de Survey Copter, ce sont les digues maritimes et fluviales qui pourraient être sous surveillance dès 2018 si leur projet de recherche porte ses fruits. Au lieu de les arpenter à pied, cela permettrait d’inspecter plusieurs dizaines de kilomètres par jour (sur les 6 000 km en mauvais état en France). Une caméra photogrammétrique, des caméras thermiques et un lidar seront testés pour détecter des affaissements ou des infiltrations d’eau. En période d’inondation, les drones permettront de surveiller leur état sans prendre de risque, voire d’aller déposer un petit appareil, un Géocube développé par l’IGN, pour écouter la zone et capter les vibrations qui annonceraient une rupture prochaine de digue.
Source : Des drones à tout faire ? d’Isabelle Bellin et Sylvain Labbé, paru aux éditions Quæ