Le ginkgo ou arbre aux quarante écus, préspermatophyte survivant de l’ère primaire, avait de nombreux « cousins » au Dévonien. La famille des Ginkgoaceae est apparue il y a 280 à 250 millions d’années sur le continent laurentien. […] Le genre Ginkgone comporte qu’une seule espèce, G. biloba, « le plus vieil arbre du monde » (P.F. Michel).
L’arbre dioïque vit mille ans et plus. Sa hauteur atteint 40 mètres. Son port est élancé, avec des branches retombantes sur les pieds femelles. Leurs feuilles sont vert clair, puis jaune d’or près de leur chute. Celles du ginkgo mâle apparaissent au printemps et tombent à l’automne, quinze jours à trois semaines avant celles du pied femelle. Les fructifications sont des ovules charnus, drupacés, ressemblant à des mirabelles. Le ginkgo ne produit pas de graines mais des éléments intermédiaires entre spores et graines. Les ovules sont mûrs fin octobre et chutent jusqu’en janvier. Quand ils pourrissent, ils ont l’odeur nauséabonde du beurre rance, en raison des acides butyrique et formique qui s’en dégagent. Ils contiennent un noyau ovoïde, biconvexe, caréné, lisse, blanc d’ivoire. La biologie du ginkgo est remarquable. Sa résistance au froid, jusqu’à – 20 °C, à la pollution, aux insectes, aux champignons, au feu et aux radiations est bien connue.
En Extrême-Orient, les noyaux des ovules entrent dans de multiples préparations. Rôtis, ils ont un goût mi-pistache mi-pignon, avec une certaine âpreté résineuse. Cette amande est une friandise précieuse en dragée, toujours offerte teintée en rouge lors des mariages. Broyés, ils servent comme cosmétique et comme détergent pour laver les vêtements. Le bois jaunâtre, homogène, à grain fin, veiné, se polit bien mais est peu employé en dehors de petits articles d’ébénisterie, de bouliers, d’ustensiles pour la cérémonie du thé, de pièces d’échec et d’objets d’art. Il sert traditionnellement à la confection des autels du culte et des tables d’audience des tribunaux. Les tchi tchis, excroissances pendant des branches, assimilées à des sortes de loupes du bois, sont utilisées en magie car, ressemblant à des mamelles, elles sont censées favoriser la lactation chez les nourrices.
Dans la pharmacopée occidentale, le ginkgo est une panacée ! L’extrait de feuilles EGB 761 est indiqué actuellement pour son action favorisant la microcirculation dans les troubles vasculaires cérébraux, rétiniens et de l’oreille interne, pour sa vitamine P, qui protège les cellules endothéliales, pour son effet protecteur des membranes cellulaires contre les radicaux libres responsables de l’usure de la vie, pour son intervention dans le métabolisme des catécholamines et des prostaglandines, et donc dans la prévention du vieillissement cérébral. Des recherches sont en cours sur les propriétés antibiotiques, antifongiques et antivirales du ginkgo encore non utilisées.
Arbre d’ornement, le ginkgo est présent partout au Japon au bord des routes, dans les parcs, les cours d’école et d’universités…, comme dans les rues de certaines villes, New York et Séoul, par exemple. Le ginkgo peut être traité en bonsaï.
Visuel haut de page : Un jeune ginkgo, dans l’école forestière ©Jonathan Lhoir
Source : Le Jardin des plantes de Montpellier de Michel Rossi et Jonathan Lhoir, paru aux éditions Quæ
Merci pour cet article intéressant. J’ai envie d’en savoir plus, comme par exemple à quoi ressemblent les ovules et à quelle saison on peut les voir.