Notre poule actuelle (Gallus gallus domesticus) a pour ancêtre le coq Bankiva (Gallus gallus), dont la domestication par l’Homme aurait eu lieu en Asie du Sud‑Est il y a huit mille ans environ.
Il est probable qu’avant sa domestication, cette race sauvage de poule était chassée par l’Homme. Lorsque celui‑ci s’est sédentarisé, les poules Bankiva, à la recherche de nourriture, se seraient approchées des villages.
Les historiens et scientifiques pensent que la première raison de la domestication de la poule serait… le coq, pour son caractère belliqueux pendant la période d’activité sexuelle. Les poteries retrouvées dans la vallée de l’Indus témoignent de la pratique ancestrale des combats de coqs. L’élevage a probablement été facilité par la capacité d’adaptation de ces oiseaux omnivores à des régimes alimentaires variés. La conséquence majeure de la domestication a été le maintien de certaines modifications génétiques apparaissant naturellement (mutations), favorisées par l’Homme et le milieu « protégé » offert aux espèces qu’il domestique.
Une de ces mutations, datant de plusieurs milliers d’années, s’est révélée particulièrement importante. Elle concerne le récepteur de l’hormone thyréostimuline (TSH), impliquée dans la régulation de la reproduction par l’alternance jour‑nuit (photopériode). Une modification de ce récepteur, en libérant la poule de sa dépendance à la durée du cycle jour‑nuit, aurait contribué à créer des poules capables de pondre au‑delà de la période de reproduction habituelle. Une raison de plus, pour l’Homme, d’élever ces volatiles !
Grâce au commerce antique, aux mouvements de populations et à sa capacité d’adaptation à différents milieux, la poule domestique s’est répandue dans le monde entier. Vers 1400 av. J.‑C., les poules domestiques faisaient partie de la vie quotidienne en Égypte. Il est fort probable qu’elles aient ensuite été exportées vers la Grèce, puis l’Italie, avant de se propager dans toute l’Europe. Suivant les époques ou les régions, on élevait ces volatiles pour le combat, pour l’alimentation (chair et œufs), mais aussi pour l’agrément (animal d’ornement, de prestige, voire sacré). Des siècles durant, les éleveurs ont mis à profit les mutations et, par une sélection ciblée, ont créé une extraordinaire diversité de races : 150 races de poules connues actuellement ! En outre, dans les dernières décennies, la sélection a permis de créer deux types de poules domestiques aux performances impressionnantes : l’un pour les œufs, l’autre pour la chair. Même si à l’origine l’Homme n’a pas domestiqué la poule pour manger ses œufs, il est donc clair qu’aujourd’hui il la sélectionne et l’élève pour cela !
Source : Les oeufs. 60 clés pour comprendre de Florence Baron, Catherine Guérin-Dubiard, Françoise Nau, paru aux éditions Quæ