La tortue est connue inévitablement pour sa carapace. Mais savez-vous de quoi celle-ci est constituée ?
Si les tortues de mer ont développé des aptitudes exceptionnelles à la plongée, elles ont dû évoluer pour atteindre de telles performances. La pression de l’eau, qui s’accroît d’un kilo par centimètre carré tous les dix mètres, impose des contraintes importantes sur les organismes. Une carapace rigide, aussi solide soit-elle, finirait par se briser sous l’effet de
la pression. Ainsi, pour absorber sans dommages les variations de pression, leur carapace s’est adaptée en réduisant les parties osseuses, laissant plus de place aux cartilages dont l’avantage est leur élasticité. Grâce à ces cartilages, la carapace peut se déformer lors des plongées profondes et reprendre sa forme initiale lorsque la tortue refait surface.
La carapace est constituée d’os et de cartilages recouverts d’écailles. @Jérôme Bourjea, Hendrik Sauvignet et Stéphane Ciccione.
Plus la tortue plonge profond, plus le volume des cartilages est important. Pour exemple, la tortue imbriquée, assujettie aux récifs coralliens peu profonds, possède la carapace avec le plus de tissus osseux, alors que chez la tortue luth, espèce pélagique et championne de plongée en profondeur, les tissus cartilagineux prédominent largement.
On observe la même tendance pour l’écaille, ces plaques kératinisées qui recouvrent les carapaces de toutes les tortues à écailles, de la famille des Chélonidés. La tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata), inféodée aux récifs coralliens, qui plonge peu profond,
possède l’écaille la plus épaisse. Quant à la tortue caouanne (Caretta caretta) qui plonge à plus de 250 mètres de profondeur, elle est dotée d’une écaille beaucoup plus fine. Même constat chez la tortue olivâtre qui a été observée en plongée à plus de 400 mètres. Une singularité toutefois pour la tortue luth de la famille des Dermochélidés — qui peut plonger à plus de 1 000 mètres — dont un épiderme semblable au cuir, beaucoup plus souple que l’écaille, recouvre la carapace.
Visuel haut de page : L’écaille de tortue est une matière très prisée en artisanat dans de nombreux pays. ©Jérôme Bourjea, Hendrik Sauvignet et Stéphane Ciccione
Source : Les tortues marines de Jérôme Bourjea, Hendrik Sauvignet, Stéphane Ciccione, paru aux éditions Quæ