Tous les serpents possèdent une langue bifide, qu’ils sortent et rentrent à des rythmes très variés, la fréquence d’aller-retour augmentant à l’approche d’une proie ou d’un danger.
Sans elle, ils ne peuvent trouver leur nourriture ni appréhender leur environnement. Grâce à une échancrure placée au bout du museau appelée « fosse linguale », l’animal peut sortir sa langue plus ou moins, sans avoir besoin d’ouvrir la bouche.
Les deux brins de la langue servent de récepteur en captant, de manière stéréoscopique, les informations chimiques en suspension dans l’air. Chaque brin collecte physiquement des particules odorantes en concentrations différentes. Ces doses et cette diversité moléculaires permettent au serpent de localiser la direction et le type de proie qu’il a détectée.
Les molécules odorantes sont emprisonnées dans le mucus de la langue et ramenées dans la bouche de l’animal. Elles sont alors transmises à un organe voméronasal tapissé de cellules sensorielles appelé « organe de Jacobson », qui va analyser toutes les informations collectées. Il est situé sous la fosse nasale, et s’ouvre dans la cavité buccale par deux petites ouvertures qui accueillent les deux extrémités de la langue. Celle-ci adhère à l’organe et transmet les données recueillies au cerveau afin qu’il puisse dresser une image olfactive en 3D, même en pleine nuit. La chimioréception est particulièrement développée chez les serpents et prédomine sur tous les autres sens.
La langue ne pique pas et n’est pas venimeuse. Elle est molle et ne sert que de « radar sensoriel à odeurs ». L’expression figurée « avoir une langue de vipère » est basée sur la fausse croyance que la langue des serpents injecte du venin.
Visuel haut de page : Langue bifide d’une Couleuvre helvétique (Natrix helvetica). © Françoise Serre Collet
Source : Dans la peau des serpents de France de Françoise Serre Collet, préface d’Allain Bougrain Dubourg, paru aux éditions Quæ