Chez les échinodermes, certaines espèces sont réputées pour briller dans le noir. Étoiles de mer, holothuries, ophiures… Pourquoi et comment deviennent-elles bioluminescentes ?
Les échinodermes ne sont pas très nombreux à utiliser ce mécanisme biologique connu sous l’appellation de « bioluminescence ». Ceux d’entre vous qui ont eu la chance de naviguer de nuit sur les mers tropicales, ont certainement déjà pu observer ce phénomène : dans le sillage du bateau, la mer scintille de très nombreux petits éclats éphémères de couleur bleue. Les non-navigateurs peuvent avoir eu un aperçu de ce phénomène dans plusieurs films, comme dans L’Odyssée de Pi. L’origine de ce merveilleux spectacle est la bioluminescence produite par certains microorganismes planctoniques présents dans l’océan, en particulier des bactéries ou certaines microalgues unicellulaires que l’on nomme Dinoflagellés. Des méduses, certains poissons ou céphalopodes des grandes profondeurs, utilisent la bioluminescence pour faciliter la prédation sur des proies crédules, ou pour se défendre contre leurs prédateurs. Il s’agit en fait d’une réaction chimique qui se déroule au sein d’un organisme vivant (d’où l’emploi du préfixe « bio »). Certains animaux marins n’ont pas la capacité d’être eux-mêmes bioluminescents. Dans ce cas, ils peuvent utiliser celle d’autres organismes comme les bactéries, soit en les absorbant, soit en établissant un lien symbiotique avec eux et en les stockant dans leur propre organe lumineux. La bioluminescence doit être distinguée de la fluorescence (pouvoir de restituer la lumière après avoir été éclairé par une source lumineuse extérieure). Chez les échinodermes, il semble que ce soient les ophiures qui utilisent le plus la bioluminescence. D’après une équipe de scientifiques de l’université catholique de Louvain, « parmi les 2 173 espèces d’ophiures connues à ce jour, la bioluminescence serait présente chez 66 espèces parmi les 200 espèces testées ». Cela sous-entend que beaucoup d’autres espèces parmi celles qui restent à étudier pourraient également être bioluminescentes. Concernant les autres classes d’échinodermes, 31 ont été recensées chez les holothuries, 20 chez les étoiles de mer, 4 chez les crinoïdes et aucune chez les oursins. Cette équipe compare les différentes espèces pour mieux comprendre le rôle et l’intérêt adaptatif de bioluminescence chez les ophiures. Quelques-unes comme certaines espèces d’holothuries, utiliseraient la bioluminescence comme moyen de défense contre les prédateurs. L’attention du prédateur serait ainsi focalisée sur la partie bioluminescente de l’animal qui s’en séparerait par « autotomie », lui permettant ainsi de sauver le reste
en fuyant.
Source : Les étoiles de mer et leurs cousins de Coralie Taquet et Marc Taquet, paru aux éditions Quæ