Le changement climatique et notre alimentation

Les interrogations sur le changement climatique et sur les conséquences qu’il pourrait avoir sont nombreuses. À quoi pourrait ressembler notre assiette de demain si rien ne change d’ici 2050 ?

menu 2050

Vous raffolez de côtes de bœuf, de ris de veau et de foie gras poêlé ? Profitez-en car ça ne devrait pas durer longtemps ! Le menu type de 2050 pourrait bien afficher plutôt tofu (cette pâte de protéines de soja que nous connaissons déjà) en entrée, pois-brocolis sur lit d’insectes en plat et salade en dessert. Les conclusions du dernier rapport de l’Institut international d’étude de l’eau de Stockholm et de la conférence mondiale annuelle sur l’eau en août 2012 proposent que, d’ici 2050, bon nombre d’entre nous passent au régime végétarien. Par souci de santé ? Pas du tout. Pour éviter des pénuries alimentaires catastrophiques et des déficits en eau considérables. L’équation est simple. Dans moins d’un demi-siècle, il y aura 9 milliards d’hommes sur Terre et un doublement de la demande en produits animaux, viande et laitages entre 2000 et 2050. Il faudrait également doubler l’élevage d’animaux, ce qui n’est pas tenable pour la planète.

eau et productionLa production de viande nécessite à la fois de l’espace et des ressources en eau. Un régime riche en viande engloutit en effet 5 à 10 fois plus d’eau qu’un régime végétarien, preuves à l’appui. Produire 1 kilo de bœuf requiert 15000 litres d’eau, 1 poulet 4000 litres, 1 kilo de riz seulement 3000. Si ce besoin n’est pas un problème pour les pays où l’eau abonde, il le sera dans les autres. Quant à l’espace, près de 30% des terres habitables de la planète sont d’ores et déjà utilisées pour nourrir les animaux et faire pousser à grands coups d’irrigation les cultures destinées à son alimentation. En France, c’est près de 70% des terres agricoles, en comptant les prairies, qui servent à l’alimentation du bétail. Rien qu’avec des courbes de consommation identiques à celles d’aujourd’hui, il y aurait en 2050 environ 36 milliards de vaches, veaux, cochons et autres volailles! Conséquence logique, s’il faut toujours plus de terres et de céréales pour nourrir les animaux, ce ne peut être qu’au détriment des humains, alors même que près d’un milliard de personnes ne mangent pas à leur faim!

kilomètres et productionOutre cet aspect éthique, la production de viande a des conséquences environnementales. Responsable de 14 à 15% des émissions annuelles de gaz à effet de serre dans le monde, l’élevage a aussi un bilan carbone désastreux, rapporté à chaque consommateur. Au petit jeu des comparaisons, des experts ont calculé que produire 1kg de bœuf engendre 20 fois plus d’émissions de gaz à effet de serre qu’1kg de blé, 1kg de veau équivaut à 220km en voiture, 1kg de bœuf est égal à 70km, etc. Et quand on sait qu’un Français mange en moyenne 92kg de viande par an, soit environ trois fois plus qu’avant la Seconde Guerre mondiale, on aura vite compris que le rétropédalage va se révéler douloureux mais nécessaire. Diminution de la consommation de viande et des protéines animales en général, évolution des modes de production agricole, nouveaux aliments, parmi lesquels le steak synthétique ou les insectes… Les pistes de notre alimentation future occupent aujourd’hui bon nombre de scientifiques, chercheurs, entrepreneurs, financiers et organismes internationaux.

Source: Le changement climatique. Ce qui va changer dans mon quotidien d’Hélène Géli, avec la collaboration de Jean-François Soussana, paru aux éditions Quæ

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