En grandes baroudeuses, les tortues marines parcourent au cours de leur vie des milliers de kilomètres. Pourtant, elles parviennent à retrouver leur lieu de naissance pour y pondre à leur tour.
Comme chez bon nombre d’espèces migratrices, les tortues marines femelles ont la particularité d’être des espèces philopatriques (tendance des individus d’une espèce à rester ou à instinctivement revenir à l’endroit où ils sont nés, pour se reproduire à leur tour). Mais comment font les tortues marines, lorsqu’elles ont passé plus de vingt ans à des milliers de kilomètres de leur site de naissance pour le retrouver, un site qui est parfois une petite île de quelques kilomètres carrés, perdue au milieu de l’océan ? Cette question intéresse tout particulièrement les scientifiques mais elle n’a pas encore été complètement résolue. De multiples études — certaines datant de plus de quarante ans, d’autres étant très récentes — semblent mettre en avant que des espèces comme le pigeon domestique, l’abeille domestique, mais aussi des fourmis ou des papillons migrateurs, exploitent, entre autres, le champ magnétique terrestre pour s’orienter. Ces espèces sont dotées d’une perception fine de ce champ magnétique qui leur permet de s’orienter et d’atteindre les zones souhaitées, essentiellement grâce à leur mémoire : elles ont enregistré non seulement des données visuelles et olfactives, mais aussi des valeurs du champ magnétique leur permettant de se diriger efficacement. C’est également le cas des tortues marines.
Un de leurs systèmes de navigation est en effet le champ magnétique terrestre. Mais de
récentes études ont mis en évidence qu’en brouillant leur perception du champ magnétique, des tortues étaient capables malgré tout de retrouver leur site de naissance. Comme les oiseaux migrateurs, les tortues utiliseraient plusieurs modes d’orientation. Une des théories actuellement à l’étude est celle de « la plume olfactive », c’est-à-dire la mémoire des odeurs de leur site d’origine entraînées par les vents à la surface de l’océan et dont elles se seraient imprégnées à leur naissance ! Un peu comme les saumons qui retrouvent leur rivière de naissance grâce aux particules chimiques caractéristiques de cette rivière.
Source : Les tortues marines de Jérôme Bourjea, Hendrik Sauvignet, Stéphane Ciccione, paru aux éditions Quæ