Dans la maison ou au jardin, il existe des gestes à adopter pour limiter son exposition aux perturbateurs endocriniens.
La maison, mais aussi le bureau ou la voiture, abritent de nombreuses sources de polluants. Les principales concernent, d’une part le mobilier et autres objets du quotidien, et d’autre part les produits que vous utilisez pour le ménage.
Je renonce à un décor tout feu tout flamme
Afin d’éviter une propagation rapide du feu, beaucoup des objets qui nous entourent renferment des retardateurs de flamme, dont beaucoup sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens. Les normes d’inflammabilité couvrent le mobilier mais aussi les sièges de voiture et les composants électriques. Une récente étude américaine montre que les poussières automobiles contiennent dix fois plus d’un nouveau retardateur de flamme chloré que les poussières domestiques. Pensez à aérer longuement un véhicule neuf. De même, si vous en avez la possibilité, laissez à l’air libre à l’extérieur ou dans une pièce largement ventilée pendant plusieurs jours, tout mobilier neuf susceptible de contenir des retardateurs de flamme : fauteuils, canapés, tapis, moquette, etc.
Sachez également que les équipements électroniques (ordinateur, télévision, téléphone portable, liseuse, etc.) qui chauffent durant leur utilisation, contiennent des retardateurs de flamme pour éviter tout accident. Or la chaleur favorise la libération de ces composants volatils. Il est important de les éteindre la nuit, tout particulièrement s’ils se trouvent dans la chambre à coucher.
Les équipements électroniques sont probablement responsables de la teneur élevée en retardateurs de flamme dans l’air et les poussières des bureaux. Là encore pensez à éteindre ces appareils à la fin d’une journée de travail. Et aérez les locaux. Lorsque les fenêtres ne peuvent être ouvertes, la ventilation se chargera du renouvellement d’air. N’obstruez pas les bouches de ventilation.
Je reviens aux fondamentaux pour mes produits ménagers
Tous les produits de nettoyage sont des détergents. Nettoyants multi-usages, liquides vaisselle ou encore lessives sont composés de tensio-actifs pour rompre les liaisons entre les saletés et les supports. Beaucoup de produits d’entretien conventionnels contiennent également des additifs comme les phosphates, les anticalcaires, des agents de surface (octaméthylcyclotétrasiloxane, octylphenol éthoxylate) ou des parfums (nitromuscs, muscs polycycliques).
Les industriels ne sont pas tenus d’indiquer l’intégralité de la composition du produit sur l’emballage ; mais vous pouvez trouver la liste complète des ingrédients sur le site du fabricant (fiche de données de sécurité). Pour vous simplifier la vie, vous pouvez choisir des produits d’entretien porteurs d’un label signalant un impact réduit sur l’environnement. Il en existe plusieurs fiables, par exemple : Écolabel européen ou un label NF environnement, Écocert, Nature et progrès.
Vous pouvez aussi substituer aux produits d’entretien classiques des recettes de grands-mères qui font un retour en force chez les personnes soucieuses de protéger l’environnement. Le savon noir (naturel et biodégradable) est un produit multi-usages qui nettoie sol, sanitaires, four, plaques de cuisson ou même la vaisselle. Le vinaigre blanc est détartrant, désinfectant et dégraissant ; il peut être utilisé pour nettoyer les sols, les vitres, la salle de bain ou encore pour détartrer bouilloires et cafetières. Le bicarbonate de soude peut remplacer les anticalcaires et les désodorisants classiques.
Je bricole et je jardine en toute sécurité
Si on n’y prend garde, le bricolage et le jardinage peuvent être une source importante d’exposition aux produits chimiques et potentiellement aux perturbateurs endocriniens. Rappelez-vous que l’exposition aux polluants concerne non seulement la personne qui bricole ou jardine, mais aussi ceux et celles qui fréquenteront ensuite la maison ou le jardin où les substances nocives ont été utilisées.
Les étiquettes ne suffisent pas à renseigner facilement le consommateur sur les dangers liés à l’utilisation du produit. Pensez néanmoins à regarder les pictogrammes indiquant si le produit est toxique pour l’environnement, toxique pour l’homme, etc.
Au jardin, j’adopte les bons réflexes
Choisissez de préférence des produits sur lesquels est apposé un des labels attestant qu’ils sont respectueux de l’environnement. Il en existe plusieurs, dont l’Écolabel européen et le label Agriculture biologique (AB). Des plants portant le label AB ont été cultivés selon le cahier des charges de l’agriculture biologique.
Dans tous les cas, lorsque vous manipulez des produits phytosanitaires, vous devez porter un masque, un vêtement à manches longues, des gants et des lunettes. Choisissez un pulvérisateur adapté que vous réservez à cet usage et auquel vous pouvez ajouter un cache de protection pour plus de précision. Ne le vidangez pas dans le caniveau ; rincez-le soigneusement et videz-le dans les zones traitées. Pour rappel, la loi sur la Transition énergétique interdit depuis 2017 aux collectivités territoriales d’avoir recours aux produits phytopharmaceutiques pour traiter les espaces verts et autres espaces publics. À compter de 2017, les pesticides ne sont plus en vente libre dans les jardineries.
Traitez au bon endroit et à la juste dose. Il est important de respecter les doses indiquées sur l’emballage, de ne pas traiter aux abords des cours d’eau, dans les zones de ruissellement (caniveau, fossé) et aires de jeux. N’arrosez jamais juste après le traitement. Attendez pour traiter d’avoir un temps calme, sans risque de précipitation, ni de vent, et une température douce. Pensez à fermer les portes et fenêtres de la maison avant d’épandre un produit phytosanitaire dans votre jardin. Ne faites jamais le traitement avec des enfants ou une femme enceinte à proximité.
Gardez les produits dans un endroit sec, ventilé, à l’abri de la chaleur et hors de portée des enfants. Si vous avez des restes à jeter, pensez à les apporter à la déchetterie. Par ailleurs, évitez d’utiliser des poudres antipuces, des shampoings traitants pour chiens et chats, des insecticides et fongicides tels que les antipucerons ou les sprays antimoisissures, qui constituent des sources domestiques de pesticides.
Source : Les perturbateurs endocriniens de Denise Caro et Rémy Slama (Préface de Michel Cymes), paru aux éditions Quæ