Dans les pays d’Afrique du Nord et d’Asie, le métier de charmeur de serpent est réservé à certaines familles.
Un savoir-faire qui se transmet de père en fils. Le charmeur de serpent se positionne devant un panier de jonc et, au son d’une flûte, se met à bouger autour de cette corbeille. Il en sort alors un serpent, qui se redresse, déploie son capuchon et commence à s’animer en balançant la tête de droite à gauche, comme s’il suivait la mesure. On dirait qu’il danse !
Ce serpent est un cobra. Qu’il soit asiatique ou africain, le cobra, ou naja, a la particularité de dodeliner de droite à gauche devant le charmeur, tout en le surveillant, ce qui fait croire aux touristes que l’animal danse au son de la mélodie ! En fait, l’animal, qui suit à vue les mouvements de l’homme et de la flûte, y voit une agression. Son comportement est donc défensif.
Les serpents n’ont pas d’oreille externe, et leur oreille moyenne est très restreinte (petits os différents de ceux des mammifères et jouant un autre rôle, pas de tympan) ; en revanche, leur oreille interne est performante. Ils captent les vibrations de l’air par leur crâne, et celles du sol grâce aux grosses écailles de leur ventre (les plaques ventrales). Ces vibrations sont transmises par le squelette et les poumons à l’os carré, puis à la columelle. Les serpents ne sont pas sourds, ils sont sensibles aux basses fréquences. Le charmeur de serpent joue surtout sur le mouvement de son corps, associé au pied martelant le sol et au son de la flûte produisant des vibrations que le serpent serait en mesure de percevoir.
Des coutumes qui entraînent des maltraitances animales…
Charmer les serpents est interdit en Inde depuis 1991, mais ces spectacles perdurent pour les touristes dans de nombreux villages indiens. Malheureusement, tous les pays n’interdisent pas cette tradition condamnable. Les animaux sont extraits de leur milieu naturel et maltraités, restant souvent en plein soleil sans eau ni nourriture ; certains ont la bouche cousue, les crochets arrachés, les glandes à venin percées ou grossièrement enlevées, le tout pour protéger les manipulateurs. Ces pratiques entraînent invariablement la mort des serpents au bout de deux à trois mois, par épuisement, anémie, stress ou infection.
… et des conduites à risques pour les humains
Le baiser sur la tête d’un cobra est une coutume bien connue en Asie du Sud-Est. Ainsi, en Birmanie, de jeunes femmes doivent embrasser un Cobra royal au sommet de la tête trois fois, selon un culte ancien lié à la fertilité appelé le « baiser de la vierge ». Il leur faut s’approcher du serpent sans le brusquer, en évitant ses attaques…
Visuel haut de page : Cobra à monocle déployant son capuchon (Naja kaouthia), Malaisie, in natura. © Françoise Serre-Collet