Depuis l’Antiquité jusqu’à notre civilisation numérique, les parfums ont toujours eu une aura de séduction : il suffit d’y croire !
Tapez « phéromones » sur internet. Que trouvez-vous ?
Je recopie : « pour un pouvoir de séduction accru », « devenez sexuellement irrésistible », « choisissez votre parfum aux phéromones », et j’en passe !
Une phéromone est une substance qui, sécrétée par un individu émetteur, est perçue par un individu récepteur de la même espèce, chez lequel elle provoque une réaction stéréotypée.
L’exemple le plus connu est celui du papillon de nuit mâle qui est attiré à plusieurs kilomètres de distance par la femelle. Dès qu’il l’a détectée, il ne fait plus qu’une chose : voler vers la femelle. Un tel comportement exclusif est inconnu chez l’homme, où l’on ne peut mesurer que des préférences et des tendances, quelquefois significatives, mais pas de réponses à 100 %. Pas de philtre d’amour, donc, ni de parfum attractif au point que le porteur soit dévoré par ses semblables, comme à la fin du Parfum de Patrick Süskind.
Second lieu commun : l’organe voméronasal serait l’organe de perception des phéromones chez les vertébrés.
S’il joue au moins partiellement ce rôle chez les rongeurs et les cervidés, il n’en est pas de même chez les serpents, où il sert à sentir la trace des proies au sol. Enfin, l’homme est dépourvu d’organe voméronasal (vestigial chez certains individus) et des gènes des récepteurs voméronasaux. Cela n’a pas empêché un chercheur états-unien de monter une entreprise qui vend des « vomérophérines » pour les humains : traduisez « voméronasal » + « phéromones ».
Pourtant, dès les années 1980, une équipe de Chicago a popularisé le terme de « phéromones humaines » en montrant une influence des odeurs corporelles de femmes sur la durée du cycle menstruel : la sueur axillaire collectée au moment de l’ovulation augmente d’environ 1,5 jour la durée du cycle menstruel, tandis que les odeurs de la phase folliculaire la raccourcissent de la même durée (toutefois, avec des barres d’erreur de +/– 0,5 à 1 jour, ce qui a prêté à controverses). Mais, dans les années 2000, cette même équipe ne parle plus que « d’odeurs corporelles », bien que s’accumulent les preuves — mais jamais à 100 % — que des composés volatils corporels auraient une influence sur des paramètres sexuels.
Par exemple, sentir des T-shirts portés par des femmes ovulantes augmente le niveau de testostérone chez les hommes. On rapporte également qu’une majorité de femmes feront le choix de s’asseoir sur la chaise préalablement odorisée avec de faibles doses d’androsténone plutôt que sur celle qui ne l’a pas été. Mais une chercheuse allemande relie cette préférence à une plus grande sensibilité des femmes à l’androsténone, ce qui justifierait l’attraction.
En outre, les hommes sécrètent trente à cinquante fois plus d’androgènes que les femmes. L’androsténone, perçue comme désagréable, ou « animale », est accueillie plus positivement au moment de l’ovulation. Sans doute s’agit-il d’un effet plus général, car les visages masculins sont également mieux appréciés à ce moment-là. On n’observe pas de tels phénomènes chez les femmes prenant des contraceptifs.