Comment fonctionnent le goût, la vue et l’ouïe chez les lézards ?
La langue, organe sensoriel « stéréo »
Tous les lézards, à l’instar des serpents, ont un organe sensitif particulièrement important : l’organe de Jacobson. Beaucoup d’espèces de lézards sortent très souvent leur langue, dont l’extrémité est bifide. Elle récupère les substances odorantes du milieu, par exemple des phéromones, et les rapporte dans la bouche, où elle entre en contact avec l’organe de Jacobson. Situé dans le plafond de la cavité buccale, celui-ci va analyser toutes les substances récoltées, fonctionnant comme un radar à odeurs ! Ce système est appelé «vomérolfaction».
Même si les geckos n’ont pas une langue bifide, mais plate et charnue, sillonnée en son milieu, ils possèdent tout de même un organe de Jacobson. La respiration des lézards est pulmonaire, ils respirent par les narines ; les cellules épithéliales tapissant leur cavité nasale servent également dans l’olfaction. La langue possède des récepteurs du goût, qui permettent à l’animal de tester si l’aliment lui convient. Par exemple, les lézards aiment le goût sucré des fruits bien mûrs.
Une vue très performante
Les lézards possèdent uniquement des cônes, mais pas de bâtonnets (vision nocturne en noir et blanc). Les cônes tapissent la rétine (paroi interne du fond de l’oeil) et assurent leur vision chromatique diurne. Ces cellules captent la lumière et transforment les rayons lumineux en influx nerveux. Elles jouent aussi un rôle dans l’acuité visuelle.
Les cônes des Lézards vivipares (Zootoca vivipara) leur permettent de capter les ultraviolets et leur donnent une sensibilité au spectre proche de l’infrarouge. Cette capacité est adaptée à la perception des différences de coloration chez leurs congénères, notamment pendant la saison des amours.
Les espèces diurnes ont une pupille ronde, alors que les espèces nocturnes, comme les geckos, possèdent une pupille verticale qui se dilate ou se rétracte suivant la luminosité ambiante, comme un œil de chat. Pour répondre aux exigences de la vision nocturne sans bâtonnets, les cônes des geckos sont devenus plus grands et plus sensibles à la lumière. Ils sont ainsi capables de distinguer les couleurs dans un faible clair de lune, alors que les humains sont daltoniens dans ces conditions ! En effet, ces grands cônes leur assurent une vision 350 fois plus performante que la vision humaine ; de plus, la pupille présente de petites encoches correspondant à des zones concentriques distinctes, chacune ayant un pouvoir de réfraction différent. Ce système est multifocal, les animaux pouvant ainsi apprécier la distance des objets et obtenir une vision fine et contrastée. Ils possèdent également trois photopigments différents, qui les rendent sensibles aux ultraviolets, au bleu et au vert.
La plupart des lézards sont pourvus de paupières mobiles se fermant de bas en haut, auquelles s’ajoute, sur chaque oeil, une membrane nictitante faisant office de paupière transparente. Celle-ci se déplace horizontalement pour humidifier et protéger le globe oculaire. Chez nos geckos métropolitains, on note l’absence de paupières mobiles. L’oeil est protégé par une écaille transparente, comme chez les serpents. Lorsqu’une poussière se trouve sur l’oeil, le gecko la déloge à grands coups de langue.
Une ouïe fine
Les lézards entendent très bien ; d’ailleurs, ils se sauvent au moindre bruit inhabituel. Ils ne possèdent pas d’oreille externe, mais une membrane tympanique, visible à l’arrière de la bouche. Les orvets possèdent une toute petite ouverture auriculaire, recouverte d’une écaille qui la protège.
Visuel haut de page : Lézard ocellé (Timon lepidus). On distingue, à l’arrière de sa bouche, la membrane tympanique qui lui permet d’entendre. © Françoise Serre Collet
Source : Dans la peau des lézards de France de Françoise Serre Collet, paru aux éditions Quæ
Excellent
Merci pour ces commentaires qui m’intéressent beaucoup, ayant un intérêt pour cet animal très présent sur mes balcons
J’étais persuadée que les lézards avaient la pupille verticale comme les serpents !
merci de m’avoir montré que non