Les régions polaires font partie de celles que peu ont réussi à investir. L’ours blanc (Ursus maritimus) est l’un des rares mammifères à y être parvenu. Il est même, avec le phoque annelé (Pusa hispida) et l’homme, l’une des trois seules espèces de mammifères capables d’atteindre le pôle Nord. Les deux premières y sont arrivées bien avant la troisième. Comment l’ours blanc parvient-il à survivre en Arctique ?
Le froid et la neige sont les deux principaux défis que doit relever cet ursidé. Contrairement à son très proche cousin, l’ours brun (Ursus arctos), il a un régime strictement carnivore, le monde végétal étant inexistant sur l’essentiel de son aire de répartition. Ses proies préférées sont le phoque annelé et, dans une moindre mesure, le phoque du Groenland (Pagophilus groenlandicus) et le phoque barbu (Erignathus barbatus). Bien que bon nageur, il les chasse sur la banquise. L’ours blanc pourrait hiberner pour passer la mauvaise saison, comme le font bon nombre de mammifères. Mais l’hibernation est avant tout une réponse à un manque de nourriture. Or le cœur de l’hiver est le moment le plus favorable à la chasse aux phoques, la banquise atteignant sa surface maximale. Pas besoin, alors, de nager d’un bloc de glace à l’autre. L’approche est plus facile à pied sec ! L’été, au contraire, est plutôt une période de jeûne car les phoques sont moins accessibles. Seules les femelles gestantes hivernent dans une tanière pour mettre bas à l’abri. Les autres (femelles suitées, subadultes, mâles) arpentent la banquise toute la saison, ne somnolant que durant les périodes prolongées de mauvais temps. Ils vont ainsi devoir affronter les pires conditions hivernales qui soient sur Terre.
Comme tout prédateur, l’ours blanc doit pouvoir se fondre le plus possible dans le paysage pour réussir à approcher ses proies. Aussi, au cours de son évolution, il a acquis un pelage qui paraît blanc immaculé en hiver, jaunâtre à orangé le reste du temps. En réalité, il est translucide, laissant pénétrer les rayons lumineux jusqu’à la peau. Celle-ci est noire et absorbe la chaleur portée par les rayons du soleil. Profiter ainsi d’une source de chaleur externe permet à cette espèce de réduire sa production de chaleur interne. Mais ce n’est pas suffisant, surtout durant la longue nuit hivernale. Il faut aussi réduire au maximum les déperditions de chaleur. La fourrure de l’ours blanc est épaisse. Les poils de jarre sont creux, ce qui augmente leurs propriétés d’isolant thermique. Mais c’est une épaisse couche de graisse qui assure l’essentiel de cette isolation. Par ailleurs, l’animal est assez gros et relativement « rond ». Ses oreilles et sa queue, petites, dépassent peu du pelage. Ainsi, sa surface corporelle, lieu des échanges thermiques, est relativement réduite au regard de son volume, ce qui limite la perte de calories.
Par ailleurs, circuler sur la neige n’est pas aisé quand celle-ci est poudreuse, ce qui est le cas par grand froid. L’ours blanc possède des pattes plus larges que celles de l’ours brun, son ancêtre, qui lui permettent de moins s’enfoncer. La sole plantaire est velue, ce qui, en plus de la protection contre le froid, assure une meilleure adhérence sur la glace.
Les tempêtes de neige constituent un grand danger. La fourrure épaisse évite un contact direct de la neige avec la peau. De plus, si l’animal est recouvert de neige, sa fourrure emprisonne une couche d’air assurant une excellente isolation thermique. Cet ours n’a donc pas besoin d’une « polaire » pour supporter ce climat !
Visuel haut de page : Contrairement aux apparences, l’ours blanc (Ursus maritimus) a la peau noire ! © Robert Harding/Fotolia