Deinococcus radiodurans est une bactérie de forme sphérique (coccus). Une culture de laboratoire est composée généralement de deux groupes de cellules accolées par deux et appelées « diplocoques », ou par quatre, « tétracoques ».
L’espèce a été découverte de manière inattendue en 1956 dans l’Oregon, aux États-Unis, dans des boîtes de conserve de viande contaminée alors qu’elles avaient été stérilisées à de fortes doses de rayonnement gamma. Une analyse avait alors mis en évidence, à la surprise générale, la présence d’une espèce inconnue qui avait survécu, D. radiodurans.
Taille
Chaque diplocoque et tétracoque mesure environ 3 μm de diamètre.
Identification
On reconnaît D. radiodurans grâce à la couleur rose saumonée des colonies sur gélose. Les diplocoques et tétracoques sont aussi caractéristiques de cette espèce.
Écologie
Bien qu’elle ait été découverte dans des boîtes de conserve, D. radiodurans et d’autres membres de la famille des Deinococcaceae ont été isolés dans une grande diversité d’habitats naturels bien souvent exposés à des conditions extrêmes, comme dans des déserts froids de l’Antarctique, des déserts chauds du Sahara ou de Gobi, ou des sources chaudes en Italie.
Relations avec l’homme
D. radiodurans n’est pas pathogène pour l’homme. Elle est même très utile pour décrypter les mécanismes de résistance aux rayonnements ionisants, comme les ultraviolets, et aux stress oxydatifs où des molécules riches en atomes d’oxygène sont à l’origine du vieillissement ou de pathologies comme certains cancers. Cette bactérie a également un grand intérêt en biotechnologie pour la production de composés antioxydants utilisés en cosmétique et pour la fabrication des biocarburants.
Championne toutes catégories !
Bien que la bactérie D. radiodurans soit principalement étudiée pour son extraordinaire résistance face aux radiations ou aux stress oxydatifs, elle est également championne dans d’autres domaines. Elle résiste à la sécheresse, au vide, aux solvants. Cette capacité à survivre dans n’importe quelle condition, D. radiodurans la doit à une boîte à outils moléculaires. Les divers stress auxquels elle résiste génèrent, entre autres, de multiples lésions au niveau de l’ADN, notamment un très grand nombre de cassures qui seraient fatales si elles n’étaient pas réparées. C’est grâce à des mécanismes de réparation extrêmement efficaces ainsi qu’à l’expression de protéines spécifiques que D. radiodurans peut réparer complètement son ADN, ce qu’elle fait rapidement, en seulement quelques heures.
Visuel haut de page : Image acquise en microscopie photonique à épifluorescence – © S. Ithurbide et P. Servant/Institut I2BC, Paris-Saclay.
Source : Le peuple microbien de Laurent Palka, paru aux éditions Quæ