Il est souvent difficile d’imaginer ce qu’il se se trouve au-delà des frontières terrestres. Existe t-il par exemple des sols similaires aux nôtres ailleurs que sur Terre ?
De la Terre avec un grand T, il y en a dans l’espace. Il s’agit de projections expulsées de la planète dans son jeune âge par l’impact d’astéroïdes. Nous connaissons bien l’un de ces éjectats : la Lune, qui serait un gros morceau de Terre arraché par la percussion d’un astéroïde gigantesque, à l’aube du système solaire (50 millions d’années après sa naissance, soit à un centième de son âge actuel). L’hypothèse est étayée, entre autres, par la composition chimique de la Lune, très similaire à celle de la Terre.
Et de la terre avec un petit t, peut-on dire qu’il y en a ? Les dernières sondes envoyées sur Mars ont révélé des minéraux formés par l’altération des roches martiennes en présence d’eau, en particulier des argiles, des oxydes de fer et des sels. Et l’on sait depuis longtemps que les inondations martiennes ont érodé ces sols, répandu des alluvions en contrebas des volcans martiens. Il y a donc certaines similitudes entre les sols martiens et les sols terrestres. Bref, il y a sûrement, sur les planètes telluriques (c’est-à-dire faites de matériaux solides, comme ceux de la Terre, et non pas de gaz) que l’on découvre chaque année par dizaines hors du système solaire, des sols qui se sont formés par interaction entre leurs roches et leurs atmosphères.
Sans doute de natures très diverses, comme ceux qu’on peut imaginer sur Titan, le gros satellite de Saturne, qui seraient faits de glace d’eau et d’hydrocarbures, lessivés par des pluies de méthane liquide, ou sur Europe, satellite de Jupiter, qui seraient composés de glace d’eau posée sur des silicates et balayés par un très léger vent d’oxygène. Si l’on considère que, pour faire de la terre, il faut aussi la matière organique formée par les organismes vivants, alors les planètes candidates sont sûrement moins nombreuses. De nombreux auteurs de science-fiction ont proposé de transformer diverses planètes pour les rendre semblables à la Terre et habitables par l’homme, créant le terme « terraformation ». Ils ont pensé à reconstituer l’atmosphère et le climat, mais il nous semble qu’un élément essentiel de la « terraformation » sera de former de la terre, du sol, à même de porter une biosphère et de recycler ses éléments pour boucler les cycles biogéochimiques.
Source: Les sols ont-ils de la mémoire ? 80 clés pour comprendre les sols de Jérôme Balesdent, Etienne Dambrine, Jean-Claude Fardeau, paru aux éditions Quæ
Bien sur Terre elles, les vagues scélérates s’amusent à surprendre les hommes.
